CONFÉRENCE DE PRESSE – Quentin Tarantino : « Pour moi, le numérique représente la mort du cinéma tel que je le conçois »

Quentin Tarantino © FDC / MP

Chacune de ses venues à Cannes déclenche l’effervescence. Présent sur la Croisette à l’occasion de la projection au Cinéma de la Plage de Pulp Fiction (1994), qui fête ses vingt ans, le réalisateur américain Quentin Tarantino a donné une conférence de presse devant une salle comble et enthousiaste. Le cinéaste va également rendre hommage à Sergio Leone lors de la soirée du palmarès du Festival, au terme de laquelle sera projeté Pour une Poignée de Dollars.

Quentin Tarantino, à propos de la projection de Pour une Poignée de Dollars et du format numérique :
« Pour moi, cela représente bien plus que le 50e anniversaire des Western spaghetti. C’est aussi la naissance du cinéma d’action. Ce genre est né avec Une Poignée de Dollars. Pour moi, le numérique représente la mort du cinéma tel que je le conçois. La projection en numérique, c’est comme allumer sa télévision. Ce n’est pas ça le cinéma. Si c’est pour aller voir un film en numérique, autant rester chez soi. J’espère que nous sommes en train de vivre une sorte de période romantique avec le numérique et que la génération suivante se rendra compte de ce qu’elle a perdu. »

Quentin Tarantino concernant sa fascination pour les méchants :
« Comme de nombreux réalisateurs, j’aime le diable. C’est d’ailleurs très inconscient. J’aime présenter un personnage à un public en lui soumettant le côté le plus violent et déplorable de son être. A chaque fois, pourtant, le public va prendre son parti. Les dix années qui ont précédé mon premier film, c’était les années 80. C’était la période la plus opprimante au cinéma depuis les années 50 car son industrie voulait à tout prix que le public aime les personnages. Dans le cas contraire, un film était un échec. Je ne supportais pas cela. Mon cinéma a été une réaction à cette forme d’oppression des années 80. »

Quentin Tarantino, sur l’importance de la musique dans les films et son goût pour le cinéma italien :
« Ce sont des gens comme Sergio Leone qui lui ont accordé une place aussi importante. Ses bandes originales étaient de vraies œuvres et faisaient partie intégrante du film. Avec Sergio Leone, la musique dans les films est devenue un vrai vocabulaire. Par ailleurs, j’ai toujours réagi positivement au cinéma italien. J’essaye d’avoir son flair. Comparés à leurs équivalents américains, les films italiens ont quelque de plus. Il y a un courage dans le cinéma italien. C’est peut-être mon ADN qui parle. »

Propos recueillis par Benoit Pavan