RENDEZ-VOUS UN CERTAIN REGARD – Dohee-YA (A Girl at My Door) de July Jung

July Jung © FDC / MP

Avec A Girl at My Door, la Sud-Coréenne July Jung voit son premier film entrer dans la Sélection officielle du Festival 2014. Son thriller s’attache à l’itinéraire de Young-Nam, une femme forte dont l’équilibre se fragilise peu à peu. Transférée dans un nouveau village, elle croise une fille qu’elle tente de protéger d’un père violent. En parallèle, une enquêté délicate menace la vie de cette chef de police locale.

Photo du film © DR

Racontez-nous la genèse de votre film.
Il y a très longtemps, on m’a raconté l’histoire d’un chat très apprécié de son maître. Mais un jour, un nouveau chat arrive et a suscite tout l’amour du propriétaire. Le premier chat, le pauvre, veut alors le reconquérir. Un matin, alors que le maître se prépare à aller au travail, il se met à hurler quand il découvre un rat mort dans sa chaussure. Il suspecte son premier chat d’avoir intentionnellement mal agi et, de rage, le frappe. Le lendemain matin, alors qu’il met ses chaussures, même étonnement. Cette fois, il découvre un rat sans poil.

A Girl at my Door, c’est l’histoire de deux personnes seules qui ont toujours eu du mal à communiquer avec les autres. En montrant ces deux femmes dans une situation extrême, j’ai voulu montrer à quel point il était difficile d’être connecté avec quelqu’un et d’entretenir ce lien.

Un souvenir, une anecdote de plateau ?
Il nous restait encore deux tournages. On devait filmer au commissariat de police de Kanghwa et aller à Youngjond-do le soir. Le matin, je cherchais Doona [Young-Nam dans le film] avant de partir tourner. Généralement, elle vient sans son agent. J’ai été la voir à sa voiture et elle m’a tendu un livre épais. Sur la couverture était écrit « A Girl at My Door ». C’était un livre de photos du film qu’elle avait prises pendant le tournage. C’était très touchant. A la fin du tournage au commissariat, elle a distribué le livre à toute l’équipe. C’était incroyable d’avoir fait ce livre, en considérant qu’elle devait rester éveillée presque chaque nuit pour le tournage. Elle racontait qu’elle avait choisi les photos et mis le livre en page sur son temps libre quand elle rentrait et sur les trajets entre deux tournages. L’équipe était impressionnée. Ce livre, c’était la preuve de son amour pour le film et pour toute l’équipe. On a connu des tas de difficultés pendant le tournage mais on a fini par y arriver, tous, avec le même amour pour ce que nous faisions. Je pense que j’ai beaucoup de chance d’avoir rencontré ces gens et d’avoir travaillé avec eux.

Pouvez-vous nous parler de votre prochain projet ?
Depuis que la post-production de A Girl at My Door est achevée, je n’ai pas vraiment d’idée précise de projet. Cela dit, il y a une histoire à laquelle je pense depuis longtemps. Elle parle d’une fille qui se fait insulter par son amoureux. Cette fille est plus âgée que Dohee. C’est plus une femme qu’une fille. Le cœur brisé, elle prend un décision. Mais tout ce que je peux dire pour l’instant, c’est que cette histoire est inspirée d’une autre écrite par Freud.

Quel cinéma vous influence ?
J’adore les films de Pedro Almodóvar et de Jean Renoir. J’admire également Stanley Kubrick et David Lynch. Il y a une dizaine d’années, j’étais totalement impressionnée par leurs films que j’ai vus à la Cinémathèque de Séoul. Je pense que ces films-là m’ont permis de travailler dur. En plus, les travaux de Shohei Imamura et de Lee Changdong m’ont fait réfléchir sur l’idée de l’être humain dans le cinéma. Depuis que j’ai vu leurs films, je me sens capable d’apprendre à contempler, j’ai moi-même évolué en passant de cinéphile à réalisateur.
 

SÉANCE


Lundi 19 mai / Salle Buñuel / 11h
>> Accédez à l’agenda interactif