RENDEZ-VOUS UN CERTAIN REGARD – Run de Philippe Lacôte

Philippe Lacôte © FDC / CD

Né en Côte-d’Ivoire, Philippe Lacôte a débuté sa carrière de cinéaste en 1994 avec le court-métrage Somnambule. Depuis, le réalisateur a enrichi sa filmographie de plusieurs documentaires et courts métrages de fiction. Au travers de Run, son premier long métrage, il évoque la crise qui a secoué son pays au début des années 2000. Le film concourt pour la Caméra d’or.

 

Photo du film © Banshee Films

Comment avez-vous eu l’idée de ce film ?
Run est né d’un travail documentaire que j’ai entamé il y a plus de dix ans en Côte d’Ivoire. Je suis parti le 15 septembre 2002 avec une caméra numérique à Yopougon, banlieue d’Abidjan où j’ai grandi, pour dresser un état des lieux d’une génération. Trois jours après, la rébellion a éclaté. J’ai donc commencé à filmer mon quartier pendant les trois premières semaines du couvre-feu. Un jour, je suis allé interviewer un Jeune Patriote. Je lui ai demandé comment il avait rejoint ce mouvement, et il m’a répondu : « Moi, j’ai trois vies« . J’ai passé cinq ans sur ce documentaire, Chroniques de guerre en Côte d’Ivoire, qui est devenu une sorte de portrait autobiographique. Mais j’ai toujours gardé en tête cette phrase et c’est elle qui m’a donné envie de raconter l’histoire d’un jeune homme qui aurait trois vies.
 

Auriez-vous une anecdote du tournage à nous raconter ?
Run traite d’un sujet politique dans un pays qui sort d’un conflit. Le terrain était donc sensible. Nous avons été accusés d’avoir un regard partisan et une polémique a éclaté dans les journaux. Je me souviens le  jour où j’ai vu ma photo à la une d’un journal avec ce titre « Cet homme est dangereux« … Après cela, il nous était difficile de tourner dans les rues d’Abidjan même si le tournage n’a jamais été stoppé par la production.

Pouvez-vous nous parler de votre prochain film ?
Mon second long-métrage s’appelle If God Says Yes et se déroule à la Maca, la prison d’Abidjan. C’est une adaptation libre d’un roman d’Edgard Allan Poe.  Il est questions d’amour et de naufrages, de pirates en quête de Graal, de perversité. Nous sommes à la recherche de partenaires.

Quel cinéma vous influence ?
Le cinéma est international et certains réalisateurs qui ne sont plus là sont plus actuels que d’autres qui continuent à tourner… Le cinéma qui m’influence serait un film avec une séquence d’Etat de siège, de Costa-Gavras, une séquence du Jeu de la mort, de Bruce Lee, une du Stalker de Tarkovski. Le tout accollé à trente minutes d’un film de Sergio Léone…

 

SÉANCE


Samedi 17 mai / Salle Debussy / 11h30

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