CANNES CLASSICS – Le jour où Orson Welles a réglé ses comptes avec Hollywood

Photo du film © DR

Sorti en 1947, La Dame de Shanghai symbolise la rupture entre le réalisateur de Citizen Kane et les studios hollywoodiens. Une séparation que le cinéaste va magistralement personnifier dans l’une de ses plus célèbres scènes.

 

Photo du film © DR

Cinquième long métrage d’Orson Welles – présenté en version restaurée -, La Dame de Shanghai est aussi le film qui a définitivement ancré les velléités du cinéaste de s’affranchir des studios hollywoodiens, avec qui la relation a toujours été compliquée. Ironie de l’histoire, Orson Welles est en plein divorce avec la plus grande star des studios de l’époque – la sublime Rita Hayworth, à qui il donne la réplique – lorsque débute le tournage du film, en 1946.

Welles interprète Michael O’Hara, un robuste marin antifranquiste engagé sur le yacht de la belle et richissime Elsa Bannister, qu’il vient de sauver des griffes d’une bande de malfrats et dont il est tombé amoureux. Film noir, La Dame de Shanghai déploie une intrigue désenchantée dans laquelle ses protagonistes sont dépeints en squales assoiffés d’argent, clin d’œil narquois aux puissants d’Hollywood. Autre coup de canif, cette fois porté au glamour et au star system : le personnage de Rita Hayworth est volontairement dépourvu de tout romantisme. L’actrice arbore une coupe de cheveux courte et blonde, aux antipodes de sa longue et mythique chevelure rousse.

Mais le sommet du film et de son pied de nez à Hollywood reste cette scène d’une force visuelle époustouflante, tournée dans le labyrinthe de miroirs d’une attraction foraine, à l’issue de laquelle le personnage de Rita Hayworth rend son dernier souffle aux pieds d’un Orson Welles triomphant. Située dans les derniers instants du long métrage, elle est restée mythique dans l’histoire du cinéma. Quelques décennies plus tard, Woody Allen lui rendra hommage, reprenant plusieurs plans en clôture de Meurtre mystérieux à Manhattan.

 

 

Benoit Pavan

SÉANCE


Samedi 16 mai / Salle du Soixantième / 21h30
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