CANNES CLASSICS – Marius, le Pagnol chantant

Nicolas Pagnol © FDC / T. Leibreich

Adapté de la pièce à succès de l’auteur, Marius (1931) est le premier volet de la trilogie initiée par Marcel Pagnol sur Marseille. Son petit-fils Nicolas revient sur le film, qui conte l’histoire d’un jeune homme employé au bar de son père.

 

Photo du film © DR

Qu’est-ce qui a poussé Marcel Pagnol à adapter Marius ?
En 1930, il est allé voir à Londres Broadway Melody, de Harry Beaumont, le premier film entièrement sonore de l’histoire du 7e Art. Il comprend alors que le cinéma offre une nouvelle possibilité d’écriture. Il rencontre le patron de la Paramount et le convainc. Alexander Korda est choisi pour réaliser le film et Marcel s’occupe de la direction d’acteurs. Trois versions du film sont tournées : une française, une allemande et une suédoise.

Comment le film a-t-il été accueilli ?
C’est un gigantesque succès populaire. Mais la profession du théâtre lui est tombée sur le dos. Pour elle, il est un traître. Il a notamment une grande divergence de point de vue avec René Clair, pour qui le cinéma muet est l’essence du cinéma. Pour Marcel, le dialogue est prépondérant. Tous deux sont très amis, mais ils vont s’invectiver par journaux interposés. Il faudra attendre les années 1950 pour que Marcel Pagnol soit reconnu comme un grand cinéaste.

L’accent marseillais des personnages joue un rôle important dans l’atmosphère du film…
D’autant plus que dans les années 30, la culture marseillaise est en plein boom et très bien ancrée à Paris. Il a livré cet accent comme il était, dans une France qui n’était pas la même qu’aujourd’hui. Les régions avaient des identités et des spécificités bien plus fortes. Mon grand-père disait : « L’universel, on l’atteint de chez soi ». Il n’a jamais essayé de réinventer l’art. Le seul filtre, c’était sa personnalité.

Quel a été l’enjeu principal de la restauration de Marius ?
Notre grande crainte était le son. On est au début du parlant et c’est un son mono. Le résultat est superbe même si, par endroits, il reste quelques petits défauts. La photographie nous permet de redécouvrir le film. On a récupéré le cadrage d’origine, qui avait recoupé en 1:37. Le négatif était très abimé. La restauration a duré quatre mois.
 

Propos recueillis par Benoit Pavan

SÉANCE


Jeudi 21 mai / Salle Buňuel / 17h00

>> Accédez à l’agenda interactif