COMPÉTITION – Yorgos Lanthimos, surréalisme en récession

Équipe du film © FDC / T. Leibreich

Révélé en 2009, Yorgos Lanthimos symbolise avec The Lobster l’arrivée à maturité d’une vague de cinéastes grecs dont la crise a stimulé la créativité et exacerbé l’empreinte surréaliste.

 

Photo du Film © Despina Spyrou

Privé de financement en raison du grave trouble économique qui ronge le pays depuis la fin de la décennie 2000, le cinéma grec explose paradoxalement au travers d’un nouveau vivier d’auteurs chevronnés et interconnectés auquel appartient Yorgos Lanthimos. En 2009, le succès de son second long métrage, Canine (Dogtooth)Prix Un Certain Regard -, braquait les projecteurs du 7e Art sur cette génération qui s’épanouissait jusqu’alors dans l’ombre, affirmant dans des œuvres parfois expérimentales et à très faible budget, son goût prononcé pour le surréalisme.

Scénarios hantés, humour taillé au scalpel et personnages excentriques ou totalement aliénés, dénonçant ici le modèle familial et culturel grec, là les rapports violents entre les hommes et les femmes. La « weird wave » grecque déploie une esthétique volontairement abrupte, sombre et délavée, pour appuyer un propos grinçant et excelle dans l’utilisation des « subversions nées du conflit entre le pop et le réalisme ».

Natif d’Athènes, où il a bouclé des études de cinéma, Yorgos Lanthimos explore de nouveau cette veine absurde dont il est l’un des principaux étendards dans son quatrième long métrage. Pour The Lobster, il s’est notamment expatrié vers Londres, lassé des affres financières, et a réuni un casting d’acteurs confirmés tels que Colin Farrel, Rachel Weisz ou encore John C. Reilly.

Co-écrite avec Efthimis Filippou, son scénariste attitré et tournée en anglais, cette comédie romantique décalée narre dans un futur imaginaire l’histoire d’une société au sein de laquelle les célibataires sont contraints de trouver l’âme sœur sous peine d’être transformés en animaux. « The Lobster est une histoire d’amour peu conventionnelle sur les conséquences terribles de la solitude, de la peur de mourir seul et de la peur de vivre avec quelqu’un d’autre », décrypte le cinéaste.

Benoit Pavan

SÉANCES


Vendredi 15 mai / Grand Théâtre Lumière / 8h30 – 22h30

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