UN CERTAIN REGARD – Rak ti Khon Kaen (Cemetery of Splendour), rendez-vous avec Apichatpong Weerasethakul

Équipe du film © FDC / T. Leibreich

Le réalisateur thaïlandais Apitchapong Weerasethakul a été découvert par la Cinéfondation à l’Atelier du Festival. Récompensé du prix Un Certain Regard en 2002 pour Blissfully Yours, du Prix du Jury pour Tropical Malady en 2004 et enfin de la Palme d’or en 2010 pour Oncle Boonmee, il revient cette année une nouvelle fois dans la Sélection Un Certain Regard avec Rak ti Khon Kaen (Cemetery of Splendour), ou l’histoire de soldats mystérieusement atteints d’une maladie du sommeil…

 

Photo du film © DR


Racontez-nous la genèse de votre film?

La dernière décennie en Thaïlande s’est déroulée de manière chaotique, sanglante… Au bout d’un moment, je dormais beaucoup pour oublier ce qui se passait, pour échapper à la réalité. Il m’arrivait d’écrire mes rêves. Faire ce film est lié à l’anxiété de dormir, ou de se réveiller…

L’atmosphère du tournage ?
C’est un film artisanal. J’ai tourné le film dans la ville où j’ai grandi, à Khon Kaen, mais je n’y vit plus depuis vingt ans. La plupart des dialogues sont en dialecte local. J’ai voulu faire comme si c’était un premier film, oublier mes restrictions stylistiques et embrasser l’énergie de la ville.


Quelques mots sur vos interprètes ?

Mise à part mon actrice fétiche, Jenjira, tous les acteurs sont novices. Elle et moi sommes très amis, nous avons travaillé sur de nombreux projets dont un livre sur ses écrits. Je l’ai beaucoup vue, dans sa maison près du Mekong pour parler de ses souvenirs, et de sa quête du mari idéal. Plus nous avancions, plus ce film est devenu mon rêve, le sien et un peu je pense, celui de ma mère. 

Quel regard portez-vous sur le cinéma thaïlandais ?
Comme la Thaïlande est un petit pays, les réalisateurs se connaissent et se respectent. Ma préoccupation principale vient de la censure : le gouvernement commande essentiellement des films de propagande. Maintenant que la junte militaire tient le pays en otage, certains livres et films ont été proscrits. Des soldats supervisent les pièces de théâtre. Ce climat de peur est en train de tuer et nos films, et nos âmes.

 

 

SÉANCES


Lundi 18 mai / Salle Debussy / 14h00 – 22h
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