UN CERTAIN REGARD – Taklub, entretien avec Brillante Mendoza

Brillante Mendoza © AFP / AC. Poujoulat

8 novembre 2013. Le Typhon Yolanda frappe les côtes philippines. 2 500 morts, l’une des catastrophes naturelles les plus dévastatrices du pays. Le temps a passé et Brillante Mendoza n’oublie pas. Il signe Taklub, film qui retrace les itinéraires de trois personnages pour qui la misère s’ajoute à la catastrophe qui a balayé leurs vies.

 

Photo du film © DR

Comment est né ce film ?
Juste après le typhon Yolanda, on m’a demandé si je voulais faire un film sur la tragédie. Je me suis dit que ce serait inapproprié et indélicat de faire un film qui exploite le malheur des autres. Des mois plus tard, le Département de l’environnement et des ressources naturelles m’a demandé de travailler sur un documentaire. Je leur ai répondu qu’une fiction qui aborderait le problème du changement climatique aurait un meilleur impact. Aujourd’hui, ce film est un hommage aux victimes et aux survivants.

Comment avez-vous travaillé sur ce projet ?
La phase de pré-production où tout doit être conceptualisé, planifié, organisé est pour moi la plus importante. Par ailleurs, j’ai demandé à mon équipe de s’immerger à Tacloban et de faire preuve de sensibilité avec les gens. Je leur ai rappelé que ce qu’ils avaient traversé les avait sévèrement traumatisés.
Il en a été de même pour les acteurs, je les ai laissés explorer librement leur manière de s’exprimer et de dépeindre leurs rôles. Je ne leur ai pas donné de dialogues issus du script. S’ils remplissaient leur mission, alors ils sauraient quoi dire et faire.

 

Quelques mots sur vos acteurs justement ?
Nora Aunor a été très coopérative. Tous les acteurs se sont beaucoup investis dans leurs rôles en prenant le temps de parler avec les gens de Tacloban. Elle a puisé dans son instinct pour s’approprier le rôle, d’autant qu’elle a vécu une expérience similaire, bien que moins tragique.

Julia Diaz aussi était impliqué dans son rôle. Il dit avoir vraiment senti son personnage parce qu’il menait ce même combat en quête de clarté spirituelle.

Aaron Rivera est le plus jeune, complètement néophyte au regard des autres. Il a travaillé dur et s’est profondément imprégné de son personnage.

A quoi ressemble l’industrie du cinéma aux Philippines ?
Je pense qu’elle prospère, surtout en ce moment où l’esprit du cinéma indépendant est très vivace. Les réalisateurs indépendants se multiplient et explorent le monde du cinéma. C’est très positif et encourageant car cela pousse notre gouvernement à considérer le cinéma comme un outil efficace pour promouvoir notre conscience sociale, notre patriotisme et notre éveil culturel.

Quelles ont été vos inspirations pour ce film ?
L’honnêteté et la vérité sont mes principales sources d’inspiration artistiques. J’essaie de faire confiance à mon instinct et je m’assure qu’il y ait toujours une cohérence entre les faits, la narration et la technique.

Vous prévoyez un autre projet ?
Mon prochain film sera un plaidoyer contre le changement climatique. Je veux que tout le monde prenne conscience de ce problème mondial avant qu’il ne soit trop tard.

 

SÉANCES


Mardi 19 mai / Salle Debussy / 14h00 – 22h15

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