Chabadabada à Cannes Classics

Photo du film Un homme et une femme © DR

Projection à Cannes Classics d’Un Homme et une Femme, Palme d’or ex aequo de 1966. Une histoire d’amour de Claude Lelouch toujours citée parmi les plus belles du cinéma. Yonnick Flot, critique, scénariste et auteur le confirme. 

S’agit-il, selon vous, de l’une des plus belles histoires d’amour du cinéma ?

Claude Lelouch l’expliquait très bien à l’époque : « Je raconte au public « son » histoire d’amour ; le film est l’histoire d’une histoire qui n’a jamais commencé, c’est pour cela qu’elle a plu à tout le monde ». L’originalité de Lelouch tient d’abord à sa sincérité. Jean-Louis Trintignant parlait de « don de l’enfance et de fraicheur du naturel » de son metteur en scène. Le spectateur ne sait plus s’il assiste à une scène volée par une caméra cachée sur le vif ou à un moment de fiction voulue  et imaginée par un conteur cinématographique.

Avez-vous des anecdotes sur l’ambiance de tournage ?

Lelouch qui ne donnait pas le script à ses interprètes, ou alors au dernier moment, voulait privilégier la spontanéité, voire l’improvisation, ce qui déconcertait parfois les acteurs. En l’occurrence, cela les a exalté et sublimé, le naturel recherché a été atteint à la perfection. A noter que Trintignant n’était pas seulement coureur automobile avec son personnage mais réellement aussi dans la vie. Quant à Anouk Aimée, c’est Marcel Carné qui l’avait baptisée « Aimée ». On sait que l’idée du film est venue d’une vision qu’a eu Lelouch sur la plage de Deauville : celle d’une femme et d’une petite fille qui jouait à ses côtés. Tout en les regardant et en marchant, Lelouch commença à imaginer des personnages, à l’endroit même de la scène culte avec son duo d’amoureux.

Jean-Louis Trintignant et Anouk Aimée  sont-ils ses acteurs fétiches ?

Tous deux ont été des acteurs fétiches de Lelouch qui dans Vingt ans déjà a réuni le couple mythique pour une autre aventure amoureuse. Il leur avait déjà parlé de cette « suite » (sortie en 1986) pendant le tournage en leur précisant : « On la fera si vous êtes toujours en vie, si je suis en bonne santé, si vous êtes encore de bons acteurs ». Et Jean-Louis avait dit en riant « et si tu as toujours de l’énergie et du talent comme cinéaste ».

Un mot sur la bande originale du film ?

Pour Lelouch « on peut dire en quelques minutes dans une chanson ce qu’on dit parfois en trois heures dans un film ». La musique et le célébrissime Chabadabada  ont à l’évidence contribué au triomphe mondial du film. Pour l’anecdote, lors d’un voyage officiel aux Etats-Unis, Lelouch fut accueilli à l’arrivée à l’aéroport par cette musique. Il voulut remercier les responsables de cette charmante attention mais on lui répondit que c’était tous les jours que cet air était distillé dans les salons d’attente. Chabadabada est resté un thème immense.

Présenté par Les Films 13. Restauration par le laboratoire Eclair à Vanves. Film scanné et étalonné en 4K à partir du négatif original 35mm couleur et N&B, en présence de Claude Lelouch, restauré en numérique et finalisé en 2K pour le DCP. Son restauré d’après le magnétique 35mm original mono. Restauration et numérisation avec le soutien du CNC.