Cinema Novo, focus sur le mouvement qui a révolutionné le cinéma brésilien

Photo du film Cinema Novo © DR

Tourné vers des préoccupations politiques et sociales, le Cinema Novo a révolutionné l’approche thématique et esthétique des réalisateurs brésiliens dans les années 1950-60. Le cinéaste Eryk Rocha revient dans un documentaire sur ce qui fut la mutation cinématographique la plus importante d’Amérique latine.

Pourquoi vous a-t-il paru important de revenir aujourd'hui sur ce mouvement ?

Le bagage du Cinema Novo est très riche et fertile. Il m’inspire fréquemment au moment de réfléchir à la situation actuelle du Brésil. Je vois ce mouvement comme un point de repère, mêlant poésie et politique, dans une réalité en perpétuel ajustement, à l’image du Brésil. Cinema Novo est né de mon besoin d’explorer l’histoire culturelle et politique de mon pays.

Pourquoi ce mouvement a-t-il été charnière dans l'histoire du cinéma brésilien ?
Les films qui en sont issu ont contribué à créer certaine une image du Brésil dans le reste du monde. Il a partagé des similitudes avec les mouvements les plus avant-gardistes. Il était très puissant, visuellement et intellectuellement, et a propagé une approche révolutionnaire de la réalité de l’époque. Une nouvelle génération de cinéastes est née dans ce contexte de transe politique et culturelle, qui a atteint son apogée dans les années 1960. Ils ont inventé une nouvelle manière de faire des films : une nouvelle approche où le cinéma devait arpenter les rues et faire face à la population, en posant la question d’un nouvel élan politique combinant révolution et art.

« Le Cinema Novo a capté un pays en mutation et lui a donné un nouveau langage »

Quelles traces le Cinema Novo a-t-il laissé dans le Brésil d’aujourd’hui ?

Je pense que le mouvement a laissé des marques profondes en participant à la formation de ce qu’est le Brésil aujourd’hui. Il a laissé aux nouvelles générations un héritage, un état d’esprit où courage et inventivité prédominent. Les films réalisés durant le mouvement sont nourris d’une urgence qui a été salutaire. Ce besoin de coller à la réalité a façonné une nouvelle façon de faire des films, avec une idée en tête et une caméra au poing. Ces films ne respectaient pas les frontières entre la fiction et le documentaire. Cinema Novo témoigne du passage d’un monde rural à une société urbaine, des terres aséchées aux favelas. Il a capté un pays en mutation et lui a donné un nouveau langage.

De quelle façon avez-vous travaillé pour ce documentaire ?

Cinema Novo est né en grande partie dans la salle de montage. Le travail de montage, qui a duré neuf mois, est au coeur du film. Nous avons utilisé près de 130 archives différentes pour en constituer la trame. Ces multitudes de petites pieces ont contribué à créer une mélodie qui a nous a amené jusqu’à une narration.