Gimme Danger, la lettre d’amour de Jarmusch aux Stooges

Photo du film Gimme Danger © Ed Caraef

Quoi de plus normal que le plus rock’n’roll des cinéastes pour évoquer l’histoire du groupe qui a donné naissance à la musique punk : dans un documentaire bouillonnant d’archives, Jim Jarmusch retrace dans Gimme Danger l’émergence, l’ascension et la consécration d’un groupe qui a secoué le rock en l’emportant dans ses plus sauvages retranchements.

« Gimme danger, and I feel with you at ease, gimme danger little stranger, and I feel your disease ». Issu du très garage Raw Power, troisième et dernier opus des Stooges sorti en 1973, le titre Gimme Danger symbolise à lui seul la musique du groupe formé à Ann Arbor, dans le Michigan : un rock à la fois brut et sophistiqué, puissant et doux, « un mélange de rock, de blues, de R&B et de free jazz », précise Jim Jarmusch.

La voix rocailleuse et les déhanchés névrotiques d’Iggy Pop, « fauve grognant et grondant », hantent le nouveau documentaire du cinéaste d’Only Lovers Left Alive (2013) et de Paterson, sélectionné en Compétition, près de dix ans après Year of The Horse, qui retraçait la tournée de Neil Young et Crazy Horse en 1996.

Un « essai » davantage qu’un documentaire

S’appuyant sur d’innombrables images d’archives, sur des photographies inédites des Stooges et sur les témoignages de ses membres, le réalisateur a décrypté l’histoire du groupe, débutée dans les années 1960. Jarmusch s’est également focalisé sur son influence, ses mésaventures et ses défis commerciaux, politiques et musicaux.

Le film insiste évidemment sur la figure d’Iggy Pop, leader charismatique dont les exubérances scéniques ont marqué l’histoire du rock. Gimme Danger, « c’est notre lettre d’amour adressée au groupe qui restera sans doute l’un des plus importants de l’histoire du rock », a expliqué le cinéaste, qui considère Gimme Danger davantage comme un « essai » que comme un documentaire.