Rithy Panh : un Exil et une vie de mémoire

Photo du film Exil © Rithy Panh

L’œuvre de Rithy Panh est un immense devoir de mémoire. Celle d’un traumatisme subi par tout un pays, l’invasion des Khmers rouges au Cambodge. Pour sa septième sélection à Cannes, le réalisateur signe un nouveau documentaire, Exil, présenté en Séance Spéciale.

Exil est une méditation sur l'absence, sur la solitude intérieure, géographique, politique. Le réalisateur sait de quoi il parle. L’exil, il l’a vécu à l’adolescence pour échapper à la machine de mort des Khmers rouges. A Paris, il étudie le cinéma et consacre son premier documentaire à l’histoire de son pays, Site 2, sur les traces de son passé dans un camp de réfugiés en Thaïlande.

« Je ne suis pas venu au cinéma parce que Truffaut ou Godard m’ont ébloui, mais à cause de mon histoire. Il ne faut pas transformer ce que j’ai vécu, ce que les Cambodgiens ont vécu, en spectacle. »

Le temps passe et Rithy Panh explore toujours plus le tragique génocide cambodgien. Il fournit un travail à la fois pédagogique, touchant et maîtrisé. En 1994, alors âgé de 30 ans, il est le premier Cambodgien sélectionné en Compétition avec Les Gens de la rizière, l’histoire d’une famille de paysans rythmée par la culture du riz.

Parmi les films qu’il a présentés à Cannes, Duch : le Maître des forges de l’enfer fait date. Rithy Panh s’est entretenu pendant des jours avec Kaing Guek Eav, connu sous le nom de Duch, premier tortionnaire de la cellule S-21 à avoir été jugé. En résulte un documentaire puissant, dont la force a été comparée par certains journalistes à Shoah de Claude Lanzmann.

En 2013, alors que son entourage le pousse à passer à autre chose, Rithy Panh signe L’Image manquante. Cette fois, le film est bâti autour de l’absence, des souvenirs plus ou moins flous, caractérisés par l’usage d’animation en glaise. Une part d’innocence qui renforce le témoignage et l’évocation d’une enfance à jamais bouleversée. Le film obtient le Prix Un Certain Regard en 2013.