Umi Yorimo Mada Fukaku, rendez-vous avec Kore-Eda Hirokazu
Sixième film en Sélection et seconde présentation au Certain Regard pour le réalisateur japonais Kore-Eda Hirokazu, lauréat du Prix du Jury en 2013 pour Tel père, tel fils. Un homme divorcé, joué par Abe Hiroshi, revoit sa copie de père une nuit de typhon.
Racontez-nous la genèse de votre film
Après le décès de mon père, ma mère a commencé à vivre seule dans un complexe résidentiel et j’ai eu envie de faire un film sur ce complexe. La première image qui m’est venue en tête est celle de la pelouse au petit matin, après un typhon. Depuis que je suis enfant, je me demande pourquoi les résidences sont si belles après les typhons. Elles semblent si différentes après la nuit. Je voulais décrire ce moment.
L’atmosphère du tournage ? Une anecdote de plateau ?
Le tournage a eu lieu dans le condominium où j’ai grandi. À mesure que j’écrivais le scénario, je fouillais dans ma mémoire, plus loin que pour mes films précédents.
Kirin Kiki (l’actrice incarne Shinoda Yoshiko) m’a demandé de lui apporter une photo de mes parents. Alors que nous choisissions les lunettes pour les séances d’essai, elle m’a dit « Je voudrais porter les lunettes de la photo ». Elle porte donc celles de ma mère dans le film.
Pour l’anecdote, il y a aussi le rôle de Mme Nagaoka dans le film, une amie de ma mère, et nous avons rencontré la vraie Mme Nagaoka au supermarché pendant le tournage. Elle a lancé « Ça fait longtemps ! Mon fils a hâte de voir votre film Kore chan ! ». Alors je lui ai répondu : « Bonjour, pardon de vous dire ça si tard mais j’ai utilisé votre nom pour un rôle ». C’est là que j’ai eu son accord. Les camarades de classe de mes parents, qui habitaient toujours là-bas, se réunissaient pour regarder le tournage et quelqu’un m’a même donné de l’argent comme quand j’étais enfant ! C’était comme si des proches se retrouvaient.
Quelques mots sur vos interprètes ?
Dans Still Walking, la série télé Going Home et Umi Yorimo Mada Fukaku, Abe Hiroshi incarne des personnages qui me ressemblent à quarante et cinquante ans. Il est comme un alter ego. Après Still Walking, nous sommes tous deux devenus pères et un tel changement a eu une incidence. Je pense que c’est heureux que le metteur en scène, l’acteur et les rôles grandissent ensemble.
J’ai décidé de prendre Taiyo Yoshizawa pour le personnage du fils dès que je l’ai rencontré à l’audition, parmi 100 enfants. Il était différent des autres acteurs et sa petite voix m’a interessé.