Yeon Sang-Ho et le train de l’horreur

Photo du film Bu-San-Haeng © DR

Issu du cinéma d’animation, le réalisateur sud-coréen dévoile avec Bu-San-Haeng son premier projet en prises réelles. Il évoque la gestation de ce film d’horreur dans lequel, pour survivre à un virus les transformant en zombies, les passagers d’un train s’affrontent dans une lutte acharnée.

Dans quel contexte est né Bu-San-Haeng (Train To Busan) ?

J’étais plongé dans la réalisation de Seoul Station, mon précédent long métrage d'animation. Il narre l’histoire d’un virus transformant en zombies les usagers d’une grande station de métro de Séoul. Pendant que je préparais le film, l’équipe n’a eu de cesse de me demander ce qu’il advenait après l’infection. J’ai alors imaginé plusieurs histoires différentes… c’est ce travail qui m’a convaincu de donner une suite au film, que j’ai baptisé Train To Busan.

Qu’est-ce qui vous a poussé à tourner en prises réelles, après toutes ces années dans le cinema d’animation ?

Après The King of Pigs (2011) et The Fake (2013), on m’a proposé de réaliser mon premier long métrage avec des acteurs. En Corée du Sud, l’industrie du cinema est actuellement davantage centrée sur les films en prises réelles et je me suis dit que c’était le bon moment pour y faire mes premiers pas. Après un échange avec mes producteurs, nous avons conclu qu’il serait pertinent que Train to Busan ne soit pas un film d’animation.

Quels réalisateurs vous ont particulièrement influencé ?

Des cinéastes comme Zack Snyder (Dawn of the Dead), Marc Forster (World War Z), ou Danny Boyle (28 Days Later). Mais ce sont surtout les films de Stephen King (The Mist) ou de Cormac McCarthy (The Road) qui m’ont le plus inspirés. Je souhaitais que mon film déploie le même genre d’ambiance apocalyptique, mais que son rythme soit plus rapide.

« Les zombies peuvent incarner plusieurs nuances sociales. Ils ne sont pas des monstres, mais simplement des êtres humains remplis de rage »

Le film de zombie est un genre très occidental…

Effectivement, et c’est aussi en Occident qu’il est le plus populaire. J’ai d’abord pensé qu’ancrer mon film dans la culture coréenne serait inadapté, avant de me raviser. Par conséquent, la plus grosse difficulté a été de réussir à bien fusionner les deux cultures. Pour que le film soit crédible auprès des spectateurs coréens, j’ai passé beaucoup de temps à dessiner l’apparence des zombies, mais aussi à travailler la mise en scène et le scénario.

Vos zombies apparaissent comme les seuls êtres capables de laisser éclater leur rage, au contraire des citoyens…

Oui. Depuis mon enfance, j’ai toujours été intéressé par la figure du zombie. Si les vampires sont considéré comme des « super-humains », les zombies ont toujours été sous-estimés, dépeints sans qualité particulière. Plus tard, j’ai compris que les zombies pouvaient incarner plusieurs nuances sociales. Ils ne sont pas des monstres, mais simplement des êtres humains remplis de rage.

Quel message avez-vous souhaité faire passer au travers de ce film ?

Que personne ne naît bon ou mauvais. C’est sur ce point que j’ai voulu me focaliser. Lorsqu’une tragédie survient, le hasard fait parfois que certains basculent d’un côté ou de l’autre. D’autres personnes souffrent et pensent que le mauvais sort va se répandre. C’est une vérité malheureuse mais intrinsèque à la société coréenne. Même si Train to Busan est un film de genre, j’espère qu’il l'incitera à réfléchir collectivement à ce qu’elle porte en elle.

Pouvez-vous d’ores et déjà dire un mot sur votre prochain projet ?

Je travaille sur un scénario dont je ne peux donner aucun detail, sauf qu’il s’agira d’un thriller de science-fiction tourné en prises réelles.