Kornél Mundruczó s’empare du sort des réfugiés

Photo du film Jupiter's Moon (La Lune de Jupiter) © DR

Après White God et sa horde de chiens révoltés, le cinéaste hongrois Kornél Mundruczó fait son retour en Compétition avec Jupiter’s Moon (La Lune de Jupiter), un long métrage à la structure hybride, teinté de fantastique, qui interroge l’actualité brûlante des réfugiés.

On avait quitté le cinéma de Kornél Mundruczó sur une scène magistrale d’inventivité et de symboles, dans laquelle une meute de chiens errants envahissait les rues désertes de Budapest, dans le sillage d’une fillette à vélo. D’aucuns ont vu en cette série de plans au ralenti une métaphore des dérives autoritaires fragilisant alors le paysage politique hongrois.
 

Second volet d’une trilogie que le cinéaste entend boucler avec l’adaptation d’un roman de Vladimir Sorokine, Jupiter’s Moon s’inscrit de nouveau dans un contexte de crise qui ne touche pas seulement la Hongrie : celui des réfugiés. Kornél Mundruczó explique avoir pris conscience de leur situation – et en avoir été bouleversé – alors qu’il travaillait à la construction d’une installation théâtrale dans un camp hongrois.

Tourné en 35 mm, Jupiter’s Moon narre l’histoire d’Aryan, un jeune migrant qui se découvre le pouvoir de léviter après s’être fait tirer dessus en tentant de passer illégalement la frontière. Dans un camp, le jeune garçon rencontre le Dr Stern, un vieux médecin désabusé de son travail qui l’aide à s’enfuir, avec l’ambition d’exploiter cet incroyable secret.

Pour s’écarter de la tentation d’une narration trop stéréotypée, le cinéaste hongrois a pris le parti de ne pas inscrire le film dans le seul registre du film de genre. Comme pour White God – Prix Un Certain Regard en 2014 -, Kornél Mundruczó a bâti son cinquième long métrage autour d’une structure à plusieurs strates, avec l’idée de provoquer chez le spectateur la sensation d’une chute en avant. « Nous voulions montrer une cité étouffante et surpeuplée, dans laquelle les seuls moments de paix sont ceux où le personnage s’envole », explique le réalisateur, justifiant la dimension spirituelle du film, qui évoque également en pointillés la quête de la foi.