Madame de… Impressions d’Henry-Jean Servat

Photo du film Madame de... © DR

Une copie restaurée par Gaumont de Madame de… (1953), chef d’œuvre de Max Ophuls, est proposée à Cannes Classics à l’occasion du 100e anniversaire de Danielle Darrieux. Une séance présentée par Dominique Besnehard, Pierre Murat et Henry-Jean Servat, qui y dévoile un extrait de la dernière interview filmée de l'actrice. L’écrivain et journaliste français nous livre quelques anecdotes sur le film le plus emblématique d’une actrice qu’il admire.

Une bulle de champagne…
Dans Madame de…, elle est aussi éblouissante que frémissante et Max Ophuls, qui était fou d’elle et avec qui elle s’était divinement entendue, lui permettait de se laisser aller. Ce film sur la volonté de paraître donne le sentiment d’assister à l’éclatement d’une bulle de champagne. De mondaine écervelée et primesautière, elle devient héroïne de tragédie grecque et folle d’amour. La mondanité devient tragique.

Bruit de Carrosses ?
Alors que l’on connait son nom dans le roman de Louise de Vilmorin dont le film est inspiré, Max Ophuls avait vraiment insisté pour que l’on ne sût jamais le nom de Madame de… À 7 ou 8 reprises, on pourrait entendre son nom, mais ce n’est jamais le cas. Il y a toujours un bruit de carrosse ou quelque chose d’autre qui fait qu’on ne l’entend jamais… Cela reflète le côté extrêmement élégant de la mise en scène du réalisateur. La réalisation est, à l’image du film, baroque et magnifique.

L’antithèse de Madame de…
Danielle Darrieux était la comédienne du moment mais en réalité elle a toujours été une vedette, elle avait 14 ans quand elle a commencé sa carrière avec Le Bal (1931). Elle était tellement fraîche, elle chantait… Sa voix était juste car sa mère était professeur de chant. Dans la vie, Danielle Darrieux était l’antithèse de Madame de… Elle vivait près de la nature, dans une île au large de la Bretagne, bien loin des mondanités parisiennes.