Michel Hazanavicius et les redoutables années de Jean-Luc Godard

Photo du film Le Redoutable © DR

Il y a une certaine nostalgie cinématographique dans la filmographie de Michel Hazanavicius. Celle du cinéma muet dans The Artist (en Compétition, 2011) ou du film d’espionnage kitsch (OSS 117). Beaucoup d’humour, aussi. Avec Le Redoutable, il s’intéresse à Jean-Luc Godard alors en pleine Nouvelle vague, en adaptant le roman "Un an après" d’Anne Wiazemsky, ancienne épouse de Monsieur Godard. Le couple d’antan est porté à l’écran par Louis Garrel et Stacy Martin, accompagnés par Bérénice Béjo.

Il est le cinéaste le plus emblématique de sa génération, elle est de vingt ans sa cadette. Ensemble, ils travaillent sur un film. Jean-Luc aime Anne. Voilà le point de départ du Redoutable. Il l’a choisie pour jouer dans La Chinoise. Le film sort en salles, il cristallise les critiques mais aussi la relation des deux amants. Mai 68 passe par là et Jean-Luc Godard entre dans une spirale de marginalisation.

« Faut être complètement con pour aller à Cannes cette année, avec tout ce qui se passe en ce moment ! » Ses mots, un manifestant les adresse à Jean-Luc Godard en mai 68. Un habile clin d’œil qui donne le ton : Le Redoutable n’est pas une thèse sur le travail du cinéaste. Le film s’ouvre sur une scène de de tournage mais très vite, c’est à la personnalité qu’il s’intéresse : un Godard drôle, engagé, tourmenté, teigneux parfois, amoureux surtout.

Ce film est venu à Michel Hazanavicius comme une évidence. Il découvre un peu par hasard le livre "Un an après" d’Anne Wiazemsky. Elle y raconte son idylle avec Jean-Luc Godard en plein mai 68. L’écrit a beau avoir aiguisé l’appétit de bien des cinéastes, l’auteure a refusé toutes les propositions d’adaptation. Vient le tour de Michel Hazanavicius, il l’appelle et trouve l’argument massue. Il lui dit qu’il trouve le livre très drôle, elle lui répond qu’elle aussi. Il est le premier à le lui signifier, elle accepte.