Rodin ou le cheminement d’un maître accompli

Photo du film Rodin © DR

Sa première participation en Sélection officielle date de 1979 avec La Drôlesse. En Compétition au Festival de Cannes pour la troisième fois, Jacques Doillon n’avait pas concouru pour la Palme d’or depuis 1984 avec le film La Pirate. Rodin, son 28e long métrage, met en scène Vincent Lindon dans le rôle de l’immense sculpteur, touché par la reconnaissance à l’aube de ses 40 ans.

Le langage des corps imprimait déjà de sensualité son précédent long métrage, Mes Séances de lutte (2013). L’expression physique est essentielle pour Jacques Doillon, qui confesse sa préférence pour les acteurs entiers, à l’image de Vincent Lindon, son puissant Rodin accueilli comme une évidence. Le film se penche sur les tumultes émotionnels de l’homme, tiraillé entre l’amour passionnel de Camille Claudel (la fraîcheur d’Izïa Higelin, actrice et chanteuse), et la stabilité de Rose (Séverine Caneele, prix d’interprétation féminine en 1999 pour L’Humanité), sa compagne de toujours. Il est aussi une ode au travail époustouflant du maître de la sculpture moderne.

 

« La beauté on ne la trouve que dans le travail, sans lui on est foutu », assène Rodin à un Cézanne en proie au doute. Le film fait l’apologie du labeur (l’artiste mit sept ans à achever sa statue de Balzac) et insiste sur l’aspect ardent de l’acte de création. Auguste Rodin ne jurait que par la palpitation des corps, la chair vivante et la vivacité de la matière terre, laissant à ses assistants le soin de reproduire ses sculptures dans d’autres matières jugées moins organiques, comme le marbre ou la pierre.

 

Avec l’atelier du peintre en toile de fond principale, plusieurs décors du film ont été empruntés à la vie du sculpteur (un Balzac, la Villa des Brillants à Meudon, la chambre, la salle à manger…) tandis que certaines de ses œuvres ont été entièrement reconstituées pour les besoins du tournage.