Ayka, dilemme moral au sein d’une société démunie

Photo du film Ayka © DR

Dix ans après avoir remporté le Prix Un Certain Regard pour Tulpan, une comédie dramatique sur la société kazakh, le réalisateur Sergey Dvortsevoy revient à Cannes avec Ayka. Le film, un drame qui traite des conditions de vie précaires d’une femme confrontée à un dilemme moral, est en lice pour la Palme d’or.

En 2010, dans les maternités de Moscou, 248 nouveaux nés ont été abandonnés par leurs mères, venues du Kirghizistan. Cette statistique parue dans le journal a interpellé le cinéaste qui a commencé à s’interroger sur les raisons qui poussent ces mères kirghizes à abandonner leurs enfants dans un pays étranger, les livrant aux hasards du destin. Un acte « peu naturel » pour ces femmes qui sont pourtant issues d’une culture extrêmement bâtie autour des liens familiaux.

De cette réflexion est né Ayka. Le film raconte la dure réalité d’une femme sans emploi et endettée qui vient d’accoucher alors qu’elle ne peut pas se permettre d’avoir un enfant. Au-delà des questions éthiques que le film soulève, Ayka traite de chacun de nous, « de ce qui arrive lorsque les relations entre les gens et avec leur environnement se détériorent, au point que l’individu lui-même s’abime moralement », affirme le cinéaste.

Seules la vie et la nature peuvent forcer un être humain à réévaluer son existence afin de la changer, parfois même contre sa volonté.

Avec Ayka, Sergey Dvortsevoy s’attache à nouveau à exposer la réalité de son époque et livre une œuvre à mi-chemin entre la fiction et le documentaire, en s’inspirant du genre qui a marqué ses débuts. Destiné à un avenir dans l’aéronautique, le réalisateur s’était finalement tourné vers le cinéma en signant des documentaires pour la télévision, qui illustraient déjà les conditions de vie des habitants en banlieue de Moscou.