Be Natural : the untold story of Alice Guy-Blaché, sur les traces d’une pionnière du cinéma

Photo du film Be Natural: The Untold Story Of Alice Guy-Blaché (Soyez naturel : l’histoire inédite d’Alice Guy-Blaché) © DR

Alice Guy-Blaché, dont le nom sera rapidement balayé par Hollywood et oublié dans l’histoire du cinéma mondial, est au cœur du premier documentaire de la réalisatrice américaine Pamela B. Green. Visionnaire, Alice Guy-Blaché est la première femme à être passée derrière la caméra, en 1896. Le film, à mi-chemin entre l’enquête de détective et le biopic, est présenté à Cannes Classics.

Comment avez-vous procédé à la réalisation de ce documentaire ?

Ce fut un très long processus. La partie la plus difficile a été de trouver les moyens financiers et des nouveaux matériaux, que j’ai obtenus grâce à un travail intense d’investigation et de recherche à travers le monde entier. Identifier ses œuvres, alors inconnues, a également été l’un des éléments les plus coûteux et compliqué de ce documentaire, à cause des mauvaises conditions des films et de leur localisation.

Le documentaire contient de nombreuses figures du cinéma notamment Jodie Foster, Agnès Varda, Anne Fontaine… Comment avez-vous fait pour les convaincre ?

Notre premier soutien a été celui de Robert Redford. Suivi de Jodie Foster et Catherine Hardwicke. Ces noms nous ont aidés à faire avancer l’histoire, à obtenir d’autres interviews ainsi qu’à trouver les fonds pour le film. Je voulais donner la parole à diverses personnes du milieu, qui pouvaient faire le lien avec Alice et les différents rôles qu’elle a endossés dans sa carrière. Ainsi, j’ai découvert que nous n’apportions rien de nouveau dans l’industrie du cinéma, nous avons juste reproduit ce qu’Alice et ses collègues faisaient déjà : assembler et raconter des histoires. Seuls les moyens ont changé !

Pouvez-vous expliquer le choix du titre « Soyez naturel » ?

Dans le studio d’Alice, il y avait une pancarte sur laquelle était écrit : « Soyez Naturel ». Ces mots s’adressaient directement aux acteurs qu’elle dirigeait, pour qu’ils évitent d’exagérer leur jeu.

Quel regard portez-vous sur la place de la femme dans le milieu du cinéma ?

Je pense qu’il y a une amélioration mais ce n’est pas encore assez. Les femmes ont besoin de plus d’aide pour réaliser leurs films, les monter, les produire et les financer pour qu’un public plus large puisse en profiter. Je pense que raconter l’histoire d’Alice va inciter la nouvelle génération à dévoiler son travail. Si Alice l’a fait, les jeunes aussi en sont capables.

Selon vous, comment serait l’industrie du cinéma aujourd’hui si le travail d’Alice Guy-Blaché n’avait pas été oublié ?

Si Alice et d’autres cinéastes féminines avait été reconnues durant toutes ces années, nous ne devrions pas redresser l’écart important entre les hommes et les femmes dans l’industrie, ou faire une distinction entre les deux. Alice sert ici d’exemple. Il faut continuer à en trouver davantage et à créer des histoires nouvelles et diverses, accessibles au monde.

Vous assistez au Festival de Cannes pour la première fois en tant que réalisatrice pour présenter un film sur une autre réalisatrice. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

C’est très excitant et en même temps, j’en suis très émue. J’ai été à Cannes auparavant mais je m’étais dit que n’y retournerais plus, à moins d’y présenter un film qui m’est cher. Rendre hommage à Alice à Cannes est un rêve qui devient réalité. Alice a débuté en France, alors montrer un film sur elle, ici, ne pourrait pas être plus approprié.