À la rencontre du Jury des Longs Métrages

Conférence de presse du Jury du 74e Festival de Cannes

 

Spike Lee, le président du Jury des Longs Métrages de cette 74e édition, mais aussi l’ensemble de ses jurés - Jessica Hausner, Maggie Gyllenhaal, Mylène Farmer, Mélanie Laurent, Mati Diop, Tahar Rahim, Kleber Mendonça Filho et Kang Ho Song - se sont présentés mardi après-midi devant les journalistes du monde entier pour livrer une conférence de presse militante, à quelques heures de fouler pour la première fois le tapis rouge.

Spike Lee à propos de Do The Right Thing, sélectionné en 1989 :

Beaucoup ont dit que mon film allait provoquer des émeutes dans tout le pays. Lorsque je repense à mes personnages aujourd’hui, je vois George Floyd. On aurait pu espérer que quelques années plus tard, les noirs ne soient plus battus comme des animaux…

Mylène Farmer évoque l’un de ses meilleurs souvenirs du Festival :

Je me rappelle encore de l’émotion après la Palme d’or attribuée à Jane Campion pour La Leçon de Piano. Elle était la première femme à l’obtenir.

Tahar Rahim sur ce que le Festival représente pour lui :

Je suis né ici ! Cannes, c’est quelque chose de fou qui peut changer la vie de quelqu’un comme aucun autre endroit au monde.

Mélanie Laurent concernant cette 74e édition :

Il y a deux choses historiques cette année : une majorité de femmes dans le Jury et un engagement plus écologique. Il faut mener les deux combats ensemble. Le Festival fait en quelque sorte sa part de colibri, met sa petite goutte d’eau pour éteindre l’incendie. Mais je rêve qu'il soit le premier et dernier festival à débattre sur les femmes majoritaires dans le Jury. Laissons un peu respirer la nature et les femmes.

Kleber Mendonça Filho sur le bâillonnement de la culture au Brésil  :

Un moyen de résister aux pouvoirs politiques, c’est de transmettre l’information. Au Brésil, la cinémathèque est fermée depuis plus d’un an, avec 250.000 bobines au placard et des techniciens licenciés. Le mépris du gouvernement Bolsonaro pour la culture est grand.

Spike Lee, sur la place des plateformes dans le monde du cinéma :

Les plateformes ne peuvent que coexister avec le cinéma. À une époque, on pensait que la télévision allait tuer le cinéma. Ce n’est pas nouveau, ce sont des cycles.

Mati Diop, à propos de cette édition particulière qui se tient après un an de pandémie :

J’ai l’impression qu’il s’agit de la première édition d’une nouvelle ère. Intimement et politiquement, nous allons tous voir cette sélection avec le poids de la charge actuelle. Mais nous n’entendons pas mettre la pression aux films. Nous allons essayer d’être présents et réceptifs.

Kang Ho Song évoque sa présence dans le jury :

Lorsque j’ai reçu l’invitation pour faire partie du Jury, je me suis surtout demandé si le Festival allait avoir lieu. C’est un réel miracle d’être ici !

Maggie Gyllenhaal à propos du cinéma politique :

Le cinéma a très souvent été politique. Pas dans un contexte politiquement correct, mais émotionnellement. Je pense que si nous écoutons notre esprit et notre cœur en réalisant un film, nous pouvons faire du cinéma politique.

Jessica Hausner sur son rôle de juré :

Partager avec les autres membres de ce jury me permet de réfléchir à mon propre cinéma, à ma propre machine mentale.

Mati Diop, à propos du pouvoir du cinéma à changer les choses :

Il est important de garder présent à l’esprit que le cinéma est l’un des outils politiques les plus puissants. Je ne souhaite pas que le cinéma soit pris en otage par des thèmes sociaux. Le plus important, ce n’est pas pourquoi nous montrons les choses, mais comment.