Murder in Harlem, condamnation sans appel du racisme systémique en Amérique

Photo du film Murder in Harlem © DR

 

Premier réalisateur et producteur afro-américain, Oscar Micheaux signe en 1935 Murder in Harlem, film de détective qui suit le procès d’un homme noir, accusé à tort d’avoir commis un meurtre. Une œuvre intemporelle en faveur de la justice, présentée à Cannes Classics et qui retentit avec les manifestations actuelles du Black Lives Matter.

États-Unis, années 1920. Alors que Naissance d’une nation de D.W. Griffith, film foncièrement raciste, s’est imposé comme un chef d’œuvre, émerge le travail d’un cinéaste noir du sud de l’Illinois. Son nom ? Oscar Micheaux, considéré aujourd’hui comme le pionnier du cinéma afro-américain. En réponse à D.W. Griffith, ce précurseur dévoile un film au titre tout aussi symbolique, Within Our Gates, qui dépeint la violence raciale sous la suprématie blanche. Réalisé dans le contexte des émeutes de l’été 1919 à Chicago, le réalisateur y livre un véritable plaidoyer pour les droits des Afro-américains, une cause qui le guidera tout au long de sa carrière.

Se faisant porte-voix d’une communauté mal représentée, Oscar Micheaux livre ses combats à travers une filmographie engagée dont est tiré l’un de ses longs métrages les plus remarquables, Murder in Harlem, en forte résonance avec l’histoire passée et présente des Afro-américains. Inspiré d'un crime notoire qui a eu lieu dans l'État de Géorgie en 1913, Murder in Harlem dévoile l’assassinat d'une jeune femme blanche pour lequel le gardien de nuit d’une usine chimique, un homme noir, est accusé à tort.

Auteur de 6 romans et 44 films qui posent la question des inégalités raciales, Oscar Michaux est ainsi le premier à offrir à son peuple une vision différente de la société américaine et des conditions dans lesquelles méritent de vivre des millions d’individus victimes de discrimination. À l’heure où les voix du Black Lives Matter s’élèvent avec rage, l’œuvre intemporelle du cinéaste nous rappelle que la révolution se déroule aussi au cinéma.

Une présentation de la Cineteca di Bologna. Restauré en 2021 par le George Eastman Museum et la Cineteca di Bologna, en association avec la Film Foundation Quoiat Films et Sky à partir d’une copie nitrate 35mm provenant de la SMU/Tyler Film Collection, SMU Libraries, déposée au George Eastman Museum. Restauration réalisée par le département préservation film du George Eastman Museum et le laboratoire de l’Immagine Ritrovata.