Harka, le regard de Lotfy Nathan

Photo du film HARKA de Lotfy NATHAN © DR

Sous le filtre de la vie d’Ali, jeune tunisien en proie aux injustices incessantes de son quotidien, Lotfy Nathan, le réalisateur du documentaire 12 O’clock Boys, passe à la fiction pour pointer la détresse de toute une génération, victime des conséquences de la période post-révolutionnaire en Tunisie. Harka est présenté au Certain Regard.

Quelles sont vos sources d’influence et qu’est-ce qui vous a poussé vers la réalisation ?

Mon grand-père a inspiré ma vocation de cinéaste, même s’il ne m’a jamais montré de film. Il était l'artiste de notre famille, un grand peintre et dessinateur, et il a inculqué à mon père, puis à moi,  l'idée que l'art vaut la peine d’être. J'ai appris la peinture à l'école, et j'ai naturellement dérivé vers le cinéma à partir de là. C'est un médium qui invite, dans sa création, à unir toutes les formes d'art. Dès ma tendre enfance, mes parents m'ont montré leurs films préférés : ma mère aimait My Fair Lady, The Sound of Music (La Mélodie du Bonheur). Mon père m'a montré Le Parrain, Lawrence d'Arabie, et les films de Woody Allen. J'étais obsédé par Indiana Jones. Au lycée, j’ai découvert le cinéma par moi-même. Vol au-dessus d'un nid de coucou est mon film préféré depuis mes 16 ans. Je l'ai vu à une époque de ma vie où je commençais à comprendre que les films pouvaient être superposés, compliqués, porteurs de sens.

Vos méthodes de tournage ? Pouvez-vous nous dire quelques mots sur vos acteurs ?

Au cours de la réalisation, j'ai appris d'innombrables choses, car c'est la première fois que je réalise un film scénarisé. La direction d’acteurs m’inquiétait particulièrement. J'ai eu tellement de chance d'avoir Adam Bessa (Ali) à mes côtés pour ma première expérience ! Nous avons décidé de baisser la garde dès notre rencontre, et de faire un grand saut ensemble. C'était très facile de lui parler, il était attentionné, intelligent, et à la fin, il était comme un frère pour moi. J'ai aussi découvert l'adrénaline dont les gens m'avaient parlé. Nous avions des journées de 12 à 14 heures, nous avons travaillé 6 jours sur 7, il faisait près de 50 degrés sous le soleil tunisien, et ce fut pourtant une belle aventure. L'énergie était là. Et j’ai également appris que des miracles peuvent se produire dans la salle de montage.

 

Pouvez-vous nous parler de votre prochain projet ?

Il s'intitule Son. C'est un film d'horreur biblique, basé sur un ancien texte apocryphe. Le synopsis : l’histoire est celle d’une famille religieuse qui se cache. Un jeune garçon sombre dans le doute après avoir découvert que l'homme qu'il pensait être son père ne l'est pas. Avec sa foi en la réalité ébranlée, le garçon libère des pouvoirs, aux conséquences sinistres et miraculeuses. Nous tournerons l'année prochaine en Méditerranée, en anglais, avec un casting américain. Je suis incroyablement enthousiaste et je poursuivrai la collaboration avec de nombreux membres de l’équipe d’Harka.