Patricio Guzmán dessine son Pays imaginaire en Séance Spéciale

Photo du film MI PAIS IMAGINARIO (MON PAYS IMAGINAIRE) de Patricio GUZMAN © Atacama Productions

Film après film, Patricio Guzmán prend le pouls du Chili. Après avoir accueilli La Cordillère des songes (2019) et Nostalgie de la lumière (2010), le Festival de Cannes fait une nouvelle fois la part belle à ce documentariste poétique et politique avec Mi País imaginario (Mon Pays imaginaire), projeté en Séance Spéciale.

En octobre 2019, le Chili s’embrase. La capitale, Santiago, est inondée de manifestants aux cris de « Chile despertó! » (Le Chili s’est réveillé). Ils demandent plus de démocratie, un meilleur système de santé et une nouvelle Constitution. Si ce mouvement initié par les étudiants est inattendu, Patricio Guzmán en rêvait depuis longtemps.

Et si elle était là, la naissance de son pays imaginaire ? Avec sa caméra, entre 2019 et 2021, Patricio Guzmán sonde les événements dans les rues.

« J’ai enquêté sur ce mystère, j’ai filmé son effet sur l’ambiance, sur l’air, sur les émotions et les sentiments des gens de mon pays. »

Sa caméra suit les manifestants déterminés face aux canons à eau, parcourt les murs graffés de « Evade » (fraude), jusqu’au referendum de 2020 et l’élection de Gabriel Boric.

Cinquante ans auparavant, il était au même endroit pour suivre pas à pas la fin de l’ère Allende jusqu’au coup d’État de Pinochet. Patricio Guzmán en tire une fresque politique en trois épisodes, La Bataille du Chili, avec la collaboration de Chris Marker.

Bien que contraint à l’exil en 1973, Guzmán n’a de cesse de raconter les bouleversements du Chili : l’arrestation du dictateur dans Le Cas Pinochet en 2001, puis Salvador Allende en 2004 à la gloire du président. Ses dernières années, il a sillonné le pays du Nord au Sud pour Nostalgie de la lumière, Le Bouton de nacre et La Cordillère des songes, une trilogie aussi contemplative qu’engagée.