Jeunesse : la Chine ouvrière dans l’œil de Wang Bing

JEUNESSE (LE PRINTEMPS) © Gladys Glover - House on Fire - CS Production - ARTE France Cinéma - Les Films Fauves - Volya Films

Fait assez rare pour être souligné, un documentaire fait son entrée en Compétition. Il s’agit de Jeunesse (Le Printemps), du maître de l’observation Wang Bing. C’est la première fois que le réalisateur chinois concourt à la Palme d’or, cinq ans après Dead Souls, présenté en Séance spéciale, et quatre jours avant la présentation de son autre film, Man in Black, dans cette même catégorie.

Zhili, capitale chinoise du vêtement. La vie grouille dans tous les sens, au rythme des machines à coudre. Ici, toute la jeunesse rurale du fleuve Yangtze vient trouver du travail. Jeunesse s’immerge dans cette société du travail intense, précaire, où les espoirs sont encore permis.

Pendant cinq ans, de 2014 à 2019, Wang Bing a posé sa caméra au plus près des ouvriers du textile. Plus exactement ses caméras, au nombre de trois, afin de suivre les protagonistes multiples de ce documentaire. Jeunesse ne se contente pas de montrer une vie de labeur, le film fait aussi place à de beaux moments de solidarité, d’amour et d’amitié.

Le milieu ouvrier textile était déjà un sujet d’exploration pour Wang Bing dans Argent amer, en 2016. Mais il y avait nécessité pour le documentariste de se plonger à nouveau dans cet univers, comme il l’explique au journal luxembourgeois Le Quotidien. “Avec Argent amer, je m’étais tenu à suivre des amis, des personnes que je connaissais déjà, des adultes. Jeunesse m’a donné la possibilité d’élargir mon propos à tout un groupe de jeunes gens.”

Durant trois heures trente, Jeunesse (Le Printemps) nous fait déambuler des ateliers de couture aux dortoirs, caméra à l’épaule, sans esthétiser, ni dramatiser. Il s’agit là du premier volet d’un documentaire dont la suite est toujours en montage. Fidèle à lui-même, Wang Bing se laisse une totale liberté quant à la durée de son projet. La version globale devrait avoisiner les neuf heures.