Ouverture : Partir un jour ou ce qui reste, par Amélie Bonnin

PARTIR UN JOUR

Pour la première fois dans l’histoire du Festival, c’est un premier long métrage réalisé par une femme qui ouvre la 78e édition. Forte du succès de Partir un Jour, son court métrage couronné d’un César en 2023, Amélie Bonnin en propose Hors Compétition une version longue, au même titre, et empreinte de la même délicieuse nostalgie. Différence notable cependant entre les deux œuvres : conçu comme un film musical, le long métrage offre le rôle principal à la protagoniste, interprétée par Juliette Armanet.

Le court métrage suivait les pas de Raphaël (Bastien Bouillon), de retour dans son village natal où il croisait Cécile (Juliette Armanet), son amour de jeunesse. Pensé comme une extension de son court, le film d’ouverture n’est toutefois plus centré sur le personnage de Raphaël mais, selon une volonté plus féministe d’Amélie Bonnin, sur celui de Cécile, brillante cheffe de cuisine de 40 ans qui rejoint ses parents dans le restaurant de son enfance.

 

« J’avais envie de filmer une femme de cet âge car c’est un âge émouvant. On est sorti de la jeunesse et, en même temps, on a encore tellement de choses à régler ! »

 

La réalisatrice formée aux arts graphiques inverse les rôles en offrant une partition bien plus longue à l’autrice-compositrice-interprète Juliette Armanet. Gagnante de « Top chef » dans l’histoire qui évolue dans un décor de relais routier de l’Est de la France, Cécile développe un sentiment de culpabilité vis-à-vis de sa mère, Dominique Blanc qui officie en salle, mais surtout de son père, François Rollin, préposé aux fourneaux.

« Je trouve que l’on ne parle pas assez des relations pères/filles au cinéma. Là, c’était l’occasion d’évoquer cette génération d’hommes à qui l’on n’a pas appris à communiquer »

Musicale (Thomas Krameyer en signe les arrangements), cette partition familiale et amoureuse ponctuée de chansons populaires françaises qui réveillent une mémoire commune, offre la part belle aux titres de Dalida, Claude Nougaro ou des 2Be3, dont le tube Partir un jour donne son titre au film.

Amélie Bonnin signe une œuvre délicate sur les liens : aux êtres, aux lieux, aux souvenirs – ces attaches invisibles qui perdurent, même quand les années et les kilomètres s’accumulent.