Rendez-vous avec… Christopher McQuarrie

Rendez-vous avec Christopher McQuarrie & Tom Cruise © Joachim Tournebize / FDC

Durant une heure trente, Christopher McQuarrie, réalisateur des quatre derniers Mission : Impossible, mais également scénariste de Usual Suspects ou de Walkyrie, s’est exprimé sur sa carrière atypique, ses succès comme ses échecs. Au bout d’une trentaine de minutes, un invité surprise a fait irruption sur scène en la personne de Tom Cruise, son plus fidèle partenaire de cinéma. Morceaux choisis de ce Rendez-vous avec… Christopher McQuarrie, devant une salle Debussy exaltée.

Christopher McQuarrie, à propos de sa carrière 

Mon parcours est assez inhabituel. Si on prend des cinéastes d’autres générations comme Billy Wilder, David Lean ou William Wyler, ils ont commencé par des postes d’assistant avant de construire leur ascension. Aujourd’hui, lorsqu’un jeune réalisateur fait un petit film, disons un film à 5 millions de dollars, et qu’il se retrouve à en engranger 50 millions, l’industrie lui met le grapin dessus et part du principe suivant : “Si nous donnons à cette personne 200 millions de dollars, il nous rapportera un milliard.” Souvent, ce n’est pas ce que ces cinéastes ont l’habitude de faire et cela peut les détruire. C’est plus ou moins ce qui m’est arrivé. J’ai dû revoir mes ambitions à la baisse et travailler à des postes d’assistant ou de scénariste. Mais je n’avais pas d’aprioris sur ces postes. Si quelqu’un m’appelait pour de l’aide, je venais aussitôt, et j’ai énormément appris à cette place de copilote.

Sur ses rôles de scénariste et de réalisateur  

À la question : “Quelle est la différence entre écrire et réaliser ?”, je réponds souvent qu’écrire est comme pousser un rocher jusqu’en haut d’une montagne, et que réaliser, c’est redescendre le rocher de cette montagne. Plus le film est gros, plus le rocher est lourd.

Sur la compétition entre le cinéma indépendant et grand public, aux États-Unis 

Cette diversité est vitale. Elle est essentielle. Un des gros problèmes d’Hollywood en revanche, c’est la compétition qui existe entre ces deux industries. Nous ne devrions pas être en concurrence. Nous devrions nous servir les uns les autres. Nous devrions tous travailler dans ce sens. Le public ne devrait pas être déconnecté d’un genre ou d’un autre. Prenons les streamers : j’aimerais beaucoup voir davantage de classiques sur Netflix. Afin que personne ne pense que le cinéma se résume à Pirates des Caraïbes – même si j’aime beaucoup ce film. Il y a énormément de très grands films qui devraient être vus de la jeune génération.

Tom Cruise, à propos du sentiment de peur  

Dans la vie, je n’ai jamais eu peur de l’inconnu. J’aime ce sentiment. C’est simplement une émotion qui ne me paralyse pas. J’ai toujours voulu une vie intéressante, dynamique, apprendre des nouvelles choses. Tant qu’on ne les connait pas, les choses peuvent paraitre effrayantes. Moi, je veux savoir. C’est la manière dont j’appréhende les cascades aussi bien que la vie en général. Les gens peuvent être paralysés par le fait de prendre des décisions. Quand vous réalisez un film, que vous créez quelque chose, ne demandez pas la permission. Faites-le. N’attendez pas que tout soit parfait car rien ne l’est jamais. Quitte à commettre des erreurs et à en ressortir grandis. Pour résumer ce que je pense de la peur : je la trouve excitante. J’aime sentir monter l’adrénaline. J’aime me confronter à de nouvelles cultures, à de nouvelles géographies. C’est ce que je souhaite à tout le monde.