Les Chatouilles, les regards d’Eric Metayer et Andréa Bescond

Photo du film Les Chatouilles © DR

Après le grand succès rencontré au théâtre par Les Chatouilles ou La danse de la colère, les Français Eric Metayer et Andréa Bescond passent des planches à l’écran et livrent leur premier long métrage Les Chatouilles, une comédie dramatique en lice pour la Caméra d’or. Le film dresse le portrait subtile d’une danseuse, abusée pendant l’enfance par un ami de la famille.

Racontez-nous la genèse de votre film.

À la base, Les Chatouilles c’est un spectacle. François Kraus est venu voir une représentation à Avignon avant que ce soit un grand succès et il a tout de suite appelé son partenaire Denis Pineau-Valencienne. Nous nous sommes rencontrés et la conversation a tenu en quelques phrases, ils nous ont dit qu’ils adoraient produire des premiers films. Une confiance artistique et humaine hors pair s’est installée, ce qui nous a permis d’être libres.

Pouvez-vous décrire l’ambiance du tournage ?

Nous étions une équipe technique très liée, nous avons beaucoup ri sur le tournage en dépit du sujet du film. C'était aussi une manière de libérer la pression. Nous avons instauré un climat de confiance, si bien que si l'un des postes avait un problème et perdait du temps, nous n’avons jamais haussé le ton, nous savions que toute l'équipe était professionnelle et investie. Cela nous a permis de travailler dans une atmosphère de respect et de détente, y compris avec nos acteurs.

Quelques mots sur vos interprètes ?

Chaque acteur est d’une qualité et d’une écoute remarquable. Karin Viard, Clovis Cornillac, Carole Franck sont des acteurs très expérimentés, nous avons beaucoup apprécié leur malléabilité, leur façon de nous « entendre ». Ils comprenaient que nous connaissions nos personnages et nous faisaient confiance. Ils ne nous ont jamais fait sentir que nous n’avions pas d’expérience dans le cinéma.

Pierre Deladonchamps a fait un choix audacieux et éprouvant en interprétant Gilbert Miguié. Quand on est un homme équilibré, il est difficile de regarder une enfant de 9 ans et de jouer le désir mais Pierre est remarquable. En dépit du malaise, il interprète avec beaucoup de véracité la psychologie d’un pédophile.

Cyrille Mairesse est notre petite Odette, elle a été notre évidence pour sa pureté et la profondeur de son regard. C’est difficile de diriger un enfant, surtout sur un film qui dénonce les violences sexuelles sur mineurs. Nous avions à cœur de protéger notre interprète, évidemment ! Elle connaissait le sujet qu’elle défendait sans le subir. En tant qu’adultes, nous étions malades car nous vivions la tension des séquences de viols mais comme nous « trichions », Cyrille, elle, nous demandait quand est-ce qu’elle terminait pour aller se baigner avec sa copine doublure ! La magie du cinéma…

Qu’avez-vous appris durant la réalisation de ce film ?

Ce tournage n’a fait que confirmer notre nature volontaire et rigoureuse. Nous sommes des travailleurs en règle générale mais ce film, durant les trois ans qui englobent le premier mot du scénario jusqu’au point final du générique, ne nous a jamais lâchés. Nous étions en questionnement constant et avons tenté des choses qui, sur le papier, paraissaient impossibles, alors quand ça marchait, nous étions heureux !

Pouvez-vous nous parler de votre prochain projet ?

Nous aimons parler des dérives sociétales, de l’humain. Notre prochain film sera également une comédie dramatique. Nous prendrons autant de temps que pour Les Chatouilles pour l’écrire et le préparer.