Rachid Bouchareb réveille la mémoire de Malik Oussekine dans Nos Frangins

Photo du film NOS FRANGINS de Rachid BOUCHAREB © 3b

Sa filmographie rend hommage aux immigrés maghrébins de France et à leur histoire. Après Indigènes et Hors-la-loi, sélectionnés en Compétition, Rachid Bouchareb dévoile Nos Frangins à Cannes Première, un film porté par Reda Kateb, Lyna Khoudri et Raphaël Personnaz.

L’affaire Malik Oussekine avait ému la France entière en 1986. Dans la nuit du 5 au 6 décembre, de retour d’un concert de jazz, il traversait le 6e arrondissement de Paris où des étudiants manifestaient contre la loi Devaquet. Les forces de l’ordre l’ont assimilé à un casseur, ont pourchassé le jeune homme qui s’était réfugié dans un hall d’immeuble, avant de le frapper jusqu’à sa mort.

Le même soir, quelques kilomètres au nord, un autre homme, Abdel Benyahia perd la vie. La scène se déroule dans un bar, un agent alcoolisé saisit son arme et vise le jeune homme en plein cœur.

À l’époque, Rachid Bouchareb est un jeune réalisateur, engagé avec SOS Racisme. Il se souvient : « On se demandait ce qu’allaient devenir tous ces enfants nés de l’immigration, la place qu’ils allaient avoir dans la société. »

« Le débat de l’intégration a été posé pour la 1ère génération, la 2e génération, la 3e génération… On voit bien qu’entre 1985 et aujourd’hui, rien ne bouge vraiment. »

Avec Nos Frangins, Rachid Bouchareb signe une fiction, bien que nourrie de faits réels et de témoignages des familles des victimes. Le personnage de l’inspecteur Mattei, de l’Inspection générale des services de police, est quant à lui purement imaginé. Il permet de lier les deux affaires et de donner un corps et une voix à une institution policière qui a un temps essayé de cacher ses bavures.