Re Dai Wang Shi : entretien avec Shipei Wen

Photo du film Re Dai Wang Shi (Are you lonesome tonight?) © DR

 

Présenté en Séance Spéciale, le premier long métrage du réalisateur chinois Shipei Wen, Re Dai Wang Shi (Are you lonesome tonight?), nous invite à une exploration nocturne dans les recoins sombres de l’âme, à la recherche du pardon. S’il n’a pas pu venir à Cannes présenter son film en raison de la situation sanitaire, il a pu tout de même nous parler de son film. Rencontre.

Votre premier long métrage est présenté aujourd’hui en Séance Spéciale à Cannes. Comment appréhendez-vous la découverte de ce film à l’international ?

C’est comme inviter des amis à venir dîner chez moi. C’est la première fois que j’organise une fête, mais j’ai donné tout ce que je pouvais. Nous communiquons à travers les films, donc je suis ravi que le film puisse trouver son audience à Cannes.

Quelle est l’inspiration première de ce film ?

J’avais ce personnage en tête qui m’intriguait : un homme coupable d’un crime involontaire qui a la pulsion irrationnelle de contacter la femme de la victime. Puis beaucoup de questions autour des personnages ont évolué, et le film a commencé à grandir.

Vous peignez dans ce film l’humain dans ses imperfections, les recoins cachés de l’âme, ceux que l’on n’ose montrer au grand jour… Cette ambivalence et cette complexité est-elle difficile à retranscrire à l’écran ?

C’est un vrai challenge. Pour moi, le caractère ambigu du film permet d’en dire plus que n’importe quoi d’autre. La complexité et l’ambiguïté de l’humanité est la partie la plus intéressante selon moi.

« La complexité et l’ambiguïté de l’humanité est la partie la plus intéressante de mon film. »

L’ambiance du film est très nocturne, les couleurs très néon… Quelles étaient vos inspirations pour l’esthétique de ce film ?

Je tire la plupart de mon inspiration des premières peintures de l’expressionnisme allemand. Nous nous sommes beaucoup inspirés des autoportraits de Francis Bacon, et nous avons tenté d’utiliser les outils cinématographiques de la même manière que le pinceau de M. Bacon dépeint le côté distordu et oppressé du personnage. L’expressionnisme a aussi influencé les mouvements de caméra, le choix des couleurs et le sound design subjectif.

Comment était-ce de travailler avec une grande actrice, chanteuse et réalisatrice comme Sylvia Chang, vue dernièrement dans Un grand voyage vers la nuit de Bi Gan, présenté à Cannes en 2018 dans le cadre du Certain Regard ?

Sylvia est une amie chère et un grand mentor pour moi. Nous avons écrit le scénario en pensant à elle, et nous avons eu la chance de pouvoir l’avoir pour jouer le rôle de Mme Liang. Elle soutient beaucoup les jeunes cinéastes. C’est d’ailleurs Bi Gan qui me l’a présentée et lui a montré mon court-métrage. Sur le plateau, elle n’a jamais regardé le playback et s’est entièrement consacré au rôle et au moment.