Tian Zhuangzhuang sonde l’âme du peuple tibétain dans Le Voleur de Chevaux

Photo du film Dao Ma Zei ( Le Voleur de Chevaux ) © DR

En 1986, le cinéaste chinois filme la nécessité vitale de la pratique religieuse dans la société tibétaine dans Dao Ma Zei (Le Voleur de Chevaux), un long métrage aux contours documentaires qui lui valut d'être frappé par la censure pour son allusion symbolique à la situation du Tibet. Le film est présenté en copie restaurée à Cannes Classics.

Tibet, 1923. Dans un village de l’Est du plateau, Norbu, un berger très pieux, se résout à voler des chevaux en dépit de ses convictions religieuses pour subvenir aux besoins de sa famille. Démasqué et banni de sa communauté, il est forcé à l’exil avec les siens. Après le décès de son fils malade, Norbu recommence à voler, remettant à nouveau en question son rapport à la foi.

Dans Le Voleur de Chevaux, son troisième film, Tian Zhuangzhuang change radicalement d’ambition narrative, désormais convaincu que le pouvoir du cinéma se situe davantage du côté de la réflexion par l'image. Tourné en partie au Tibet, le long métrage se déploie en cinémascope, dans un style contemplatif où le temps s’efface, au profit d’une intrigue minimaliste qui explore l’ancrage de la religion au sein de la communauté tibétaine.

Dans de longues séquences dépourvues de dialogues, Tian Zhuangzhuang filme les rituels religieux d’un peuple en situation d’extrême pauvreté, qui voit en l’intervention divine le seul moyen d’assurer sa survie. À travers les choix et les questionnements intérieurs de Norbu, son personnage principal, le long métrage introduit également en creux une réflexion sur la mise à l’écart de la minorité tibétaine en Chine.

Même s’il est distillé de façon très symbolique tout au long du film, ce parti pris valut à Tian Zhuangzhuang de s’attirer les foudres des autorités chinoises et de la censure. Elles imposèrent au cinéaste de couper certaines scènes de rites, jugées trop cruelles, mais aussi qu’il soit notifié au spectateur, dès le début du film, que l’intrigue se déroule avant 1950, date de l’entrée au Tibet des troupes chinoises.
 

Une présentation de Xi’An Film Studio. Scan 4k et restauration numérique 4K 48 fps à partir du négatif original. Restauration financée et menée par China Film Archive.