Tromperie : Desplechin adapte Philip Roth tout en tendresse

Photo du film Tromperie © Why Not Productions

 

Voilà des années que Tromperie, livre de Philip Roth, accompagne la vie d’Arnaud Desplechin. Le réalisateur a longtemps réfléchi à la bonne forme et au bon moment pour l’adapter. Le résultat, porté par Denis Podalydès, Léa Seydoux et Emmanuelle Devos, est à découvrir à Cannes Première.

En 1987, Philip, un écrivain américain exilé à Londres, est entouré de femmes. Il y a son épouse, il y a celles qui n’existent que dans sa tête, mais il y a surtout son amante, invitée privilégiée de son atelier, le temps de conversations et de plaisirs enflammés. 

Tromperie nous plonge dans l’intimité du bureau de l’écrivain, lieu de tous les possibles. C’est là que Philip Roth et son amante, interprétés par Bruno Podalydès et Léa Seydoux, se parlent, se touchent, se disputent, se font l’amour, parfois la guerre. Réplique après réplique, à la manière d’une psychanalyse mutuelle, se dessinent des réflexions sur le langage et sur l’amour, sur l’antisémitisme et le libéralisme.

Le livre de Philip Roth hante la vie d’Arnaud Desplechin depuis trente ans. Il l’a lu, en français et en anglais, et a longuement hésité à l’adapter, malgré les encouragements de l’auteur lui-même.

« Plusieurs fois, je m’y suis essayé sans être satisfait du résultat. J’ai songé à l’adapter pour Denis Podalydès au théâtre, et j’ai encore échoué. Lors du confinement, quelque chose en moi s’est débloqué. »

Le déclic est venu à Arnaud Desplechin pendant le confinement, alors qu’il était enfermé comme un écrivain dans son bureau. Pour cueillir le spectateur, il a conçu un film chapitré, qui navigue entre les registres, à la mise en scène imprégnée de références cinématographiques et théâtrales. Le tout confère à Tromperie l’impression d’une conversation tendre, érotique, aux envolées comiques, profondément intime.