Un Monde, le regard de Laura Wandel

Un monde, 2014 © Dragons Films

 

Sept ans après la sélection de son court-métrage Les Corps Étrangers en Compétition, la belge Laura Wandel concourt pour la Caméra d’or avec son premier film, Un Monde, une plongée immersive dans l’école primaire, du point de vue des enfants. La cinéaste y explore les enjeux de l’intégration scolaire à travers le personnage de Nora, tiraillée entre son besoin d’inclusion et sa volonté d’aider son frère, victime de harcèlement.

Racontez-nous la genèse de votre film.

J’avais envie d’explorer le monde de l’école comme un miroir de notre société. J’y voyais un énorme potentiel pour inscrire un récit de fiction, en particulier celle d’une fratrie, mise à mal par les enjeux d’intégration qu’implique ce monde nouveau. Selon moi, la meilleure façon de raconter cette histoire était de le faire du point de vue des enfants.

Pouvez-vous nous parler de votre méthode de travail ? Quelle était l’ambiance sur le tournage ?

Quand je suis dans la phase d’écriture, je passe beaucoup de temps à observer les lieux pour m’imprégner de l’atmosphère et en tirer de la fiction. En ce qui concerne le travail avec les comédiens, j’essaye d’établir une méthode qui s’adapte à ceux que j’ai en face en de moi. Pour Un Monde, nous avons élaboré, avec les coachs pour enfants, une méthode qui a permis à ces derniers de comprendre et d’intérioriser le trajet émotionnel de leurs personnages, sans jamais leur donner accès au scénario. Tourner avec des enfants, c’est toute une aventure. Nous devions travailler l’identité et la matière du film tout en prenant en compte les besoins et les émotions des enfants qui, pour la plupart, n’avaient jamais joué. C’était un tournage particulier dans le sens où nous devions nous adapter à leur rythme. Ainsi, nous filmions en moyenne deux à trois séquences par jour, en incluant les temps de pause. Je crois que ce tournage a ravivé des souvenirs d’école à la majorité des membres de l’équipe, qui venaient régulièrement me raconter des anecdotes à ce sujet.

Quelques mots sur vos acteurs ?

Ils ont été extraordinaires ! Je suis très fière de leur travail et de leur engagement sur ce film. Le tournage fut compliqué mais ils ont tout donné et ils ont tenu bon tout du long. J’ai hâte que leur travail soit enfin mis en lumière.

Qu’avez-vous appris au cours de la réalisation de votre film ?

Bizarrement, j’ai acquis un certain lâcher prise.

Comment êtes-vous devenue réalisatrice ? Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Les expériences cinématographiques de films qui m’ont bouleversée et qui ont littéralement changé ma vie, m’ont donné envie de devenir réalisatrice. Je pense notamment aux films d’Abbas Kiarostami, de Chantal Akerman ou encore ceux des frères Dardenne.

Quel regard portez-vous sur l’industrie cinématographie belge ?

Je porte un regard plein de confiance et de curiosité sur cette industrie même si je regrette que le cinéma francophone et le cinéma flamand ne se rencontrent pas plus. C’est la raison pour laquelle il me paraissait important que l’identité du film soit imprégnée des deux communautés. J’ai été ravie du travail avec mes partenaires flamands et j’espère que j’aurai l’occasion de poursuivre une telle collaboration dans le futur.