La Fièvre de Petrov, voyage hallucinatoire dans la Russie post-soviétique

Photo du film Petrov's Flu (La Fièvre de Petrov) © Hype Film

 

Après LETO en 2018, film musical sur le rock soviétique des années 1980, le cinéaste russe Kirill Serebrennikov revient en Compétition avec Petrov’s Flu (La Fièvre de Petrov), une réflexion sur la condition humaine à travers l’histoire d’une famille russe aliénée. 

Avec LETO (L’Été), Kirill Serebrennikov prônait la liberté de création et d’émancipation en exposant avec nostalgie l’émergence de la scène musicale russe à Leningrad après la mort de Léonid Brejnev. Assigné à résidence depuis 2017, le dramaturge et cinéaste continue de démontrer que la liberté artistique est inaliénable en s’attelant à son film le plus ambitieux : La Fièvre de Petrov, librement adapté du livre phénomène d’Alexeï Salnikov, « Les Petrov, la grippe, etc. »

Dans une ville en proie à une épidémie de grippe, La Fièvre de Petrov narre le voyage hallucinatoire de Petrov, affaibli par une forte fièvre et qui se retrouve entraîné par son ami Igor dans une longue déambulation alcoolisée. Entre rêve et réalité, les souvenirs d’enfance de Petrov ressurgissent progressivement et se confondent avec le présent.

Construit comme une symphonie, le film nous entraîne dans un tourbillon de folie en jouant sur les répétitions d’intrigues traitées sous le prisme de la maladie, à l’image de ce qui se trame dans l’esprit du personnage grippé. Dans un bazar stylistique inouï, les longs plans séquences transportent les personnages d’un lieu à l’autre, d’une époque à l’autre, et entremêlent les souvenirs de la période soviétique à des impressions de la Russie actuelle.

« Ce film était une tentative d’exprimer ce que la Russie est pour nous à travers l’empathie, le partage de nos souvenirs d’enfance, en racontant au public ce qu’on aime, ce qu’on déteste et en partageant notre solitude et nos rêves. »

À travers ce récit où la grippe est symptomatique d’un pays délirant, Kirill Serebrennikov dresse le portrait sombre d’une société déboussolée, ensevelie sous les ruines d’un empire déchu.