Si le vent tombe, l’espoir d’indépendance insufflé par Nora Martirosyan

SI LE VENT TOMBE - Photo du film © SISTER PRODUCTIONS / ROUGE DISTRIBUTION

 

Si le vent tombe est le premier long métrage de Nora Martirosyan, dont le projet a été soutenu par l’Atelier de la Cinéfondation en 2014. Projeté dans quatorze festivals en 2020, il marque également le retour d’un film arménien à Cannes, nationalité représentée pour la dernière fois en Sélection officielle en 1965. La réalisatrice nous emmène à la découverte du Haut-Karabagh, de ses paysages hors du temps et de ses habitants qui luttent quotidiennement pour la reconnaissance de leur État. Si le vent tombe, distribué par Arizona Distribution, sera à l’affiche en France à partir du 26 mai.

Alain, un auditeur international, vient expertiser l’aéroport d’une petite république autoproclamée du Caucase afin de donner le feu vert à sa réouverture. Edgar, un garçon du coin se livre à un étrange commerce autour de l’aéroport. Au contact de l’enfant et des habitants, Alain découvre cette terre isolée et risque tout pour permettre au pays de s’ouvrir.

Le Haut-Karabagh est une province arménienne, grande comme un département français, rattachée à l’Azerbaïdjan par Staline en 1921. Lors de la chute de l’URSS en 1991, ses habitants réclament leur indépendance, demande à l’origine d’une guerre déclenchée par les autorités azéries. Depuis, malgré le cessez-le-feu, les deux populations entretiennent une relation conflictuelle qui fait encore de nombreuses victimes.

C’est à travers le regard occidental de son personnage principal interprété par le toujours parfaitement stoïque Grégoire Colin, que Nora Martirosyan nous fait découvrir ce territoire qui n’existe pas sur le plan juridique et géopolitique mais qui pourtant est bien là, avec une capitale, un président et une constitution. En suivant l’audit d’Alain Delage, le spectateur d’abord curieux de la réalité de cette province, se prend d’empathie pour ses habitants et choisit de rejoindre leur impossible rêve d’indépendance et de reconnaissance internationale.

« J’aime bien l’idée que les spectateurs se demandent si cette république existe bien et qu’ils entreprennent des recherches sur le sujet. Dans ce pays du bout du monde, une guerre très violente a eu lieu en même temps que celle en Yougoslavie, ce qui a eu pour conséquence de l’éclipser. Personne ne parle de cet endroit et si mon film permet de le faire, je m’en réjouis. » Nora Martirosyan

Dans cet endroit hors du temps, la fiction l’emporte sur la réalité et nous livre le récit d’une tragédie moderne. Un film politique que la cinéaste arménienne réussit à traiter sans militantisme en faisant le choix de la poésie et du travail sur la lumière qui subliment les paysages magnifiques du Haut-Karabagh pour en dire l’espoir comme le désenchantement.