Les adaptations d’œuvres littéraires à l’honneur

Photo du film Petrov's Flu (La Fièvre de Petrov) © Hype Film

 

Chaque année, des liens se tissent entre les films programmés au Festival. Les longs métrages conversent entre eux par le biais de thématiques, de personnages, de contextes ou lieux de tournage qui se font écho. Cette année, les adaptations d’œuvres littéraires sont particulièrement présentes sur les écrans cannois. Tour d’horizon des genres littéraires qui innervent les films de cette édition.

Les romans :

Parce qu’il développe des trames narratives complexes, s’intéresse à la psychologie des personnages, et propose des descriptions parfois déjà cinématographiques, le roman est un genre très souvent adapté au cinéma. La Sélection de cette année ne fait pas exception : les adaptations de romans s’imposent sur la Croisette. Dans The Story of My Wife (L'histoire de ma femme) présenté en Compétition, la réalisatrice hongroise Ildiko Enyedi met en scène la rencontre improbable entre le capitaine Störr (Gijs Naber dans le film) et la jeune française Lizzy (Léa Seydoux) qu’avait imaginée Milán Füst dans son roman éponyme. Une rencontre improbable, c’est aussi ce que raconte le roman « Hytti nro 6 » de Rosa Liksom, que le finlandais Juho Kuosmanen adapte librement dans son roadmovie également présenté en Compétition. Même Nanni Moretti, pourtant amateur de scénarios originaux et d’autofiction, se tourne cette année vers une œuvre littéraire avec Tre Piani, adapté de « Trois Étages » de  l’israélien Eshkol Nevo. Autre écrivain contemporain que l’on retrouve adapté cette année : l’estonien Alexeï Salnikov et son roman « Les Petrov, la Grippe, etc », que Kirill Serebrennikov porte à l’écran dans Petrov’s flu (La fièvre de Petrov). Enfin, c’est vers les écrits de Charles Péguy, publiés à titre posthume dans « Par ce demi-clair matin », que Bruno Dumont se tourne de nouveau pour son film France, après avoir déjà puisé dans « Jeanne d'Arc » et « Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc ».

Les nouvelles :

Autre forme littéraire que l’on retrouve dans les films de la Sélection : la nouvelle. Par son format court, elle est facilement adaptable à l’écran, car les intrigues secondaires y sont généralement moins complexes. C’est d’ailleurs une nouvelle de l’auteur japonais Haruki Murakami qui a inspiré Ryuzuke Hamaguchi pour son film Drive My Car (en Compétition). Kogonada, lui, s’est tourné vers un texte de l’auteur américain Alexander Weinstein pour After Yang, présenté dans le cadre d’Un Certain Regard. Du côté de Cannes Classics, on retrouve les copies restaurées de Letter from an Unknown Woman de Max Ophüls, adaptation de la célèbre nouvelle de Stefan Zweig, et de Chère Louise de Philippe de Broca, d'après « L'éphèbe de Subiaco » de Jean-Louis Curtis.

Les écrits biographiques :

Les écrits biographiques et récits personnels traversent également les films de cette édition. Tandis que Sean Penn adapte avec Flag Day les mémoires de Jennifer Vogel, François Ozon rend hommage, dans Tout s’est bien passé, à Emmanuèle Bernheim et au deuil de son père qu’elle avait raconté à l’écrit. Benedetta de Paul Verhoeven, également en Compétition, s’inspire de la biographie "Sœur Benedetta, entre sainte et lesbienne" racontée par l’historienne Judith C. Brown. Autant de films qui donnent vie à des témoignages personnels, comme celui d’Anne Frank par exemple, qui a inspiré le film d’animation Where is Anne Frank (Où est Anne Frank !) présenté en Hors Compétition.

Les pièces de théâtre :

Le théâtre est souvent une inspiration pour les cinéastes et scénaristes. Il partage avec le cinéma l’art de la mise en scène, et offre des possibilités multiples de réécriture et de réalisation. Mathieu Amalric s’inspire par exemple de la pièce « Je reviens de loin » de Claudine Galéa pour Serre moi fort, présenté à Cannes Première. Du côté du Certain Regard, Mes frères et moi réalisé par Yohan Manca est une libre adaptation de la pièce « Pourquoi mes frères et moi, on est partis… » écrite par Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre. Enfin, la sélection Cannes Classics introduit également deux restaurations d’adaptations de pièces de théâtre : Yashagaike de Masahiro Shinoda (inspiré d’une pièce de kabuki, théâtre traditionnel japonais) et Orfeu Negro de Marcel Camus (à partir de la pièce "Orfeu da Conceição" de Vinícius de Moraes).

La bande dessinée :

Adapter la série de bande dessinée « Les Intrus » d’Adrian Tomine au cinéma, tel est le défi audacieux que s’est donné Jacques Audiard dans son nouveau film Les Olympiades présenté en Compétition.

Photo du film Les Olympiades

Photo du film Les Olympiades © Shanna Besson

Du livre à l'écran, cette 74ème édition aura donné accès à des imaginaires multiples. En s’inspirant d’œuvres littéraires, les cinéastes joignent leur regard à celui de l’auteur, et les deux univers se rencontrent alors dans des œuvres riches et plurielles.